Les plateformes sociales comme terrain de lutte contre les fakes news : SoaCheck, AfricaCheck et DeoCheck

Dans un contexte sahélien fragilisé par l’instabilité et les tensions communautaires, la désinformation en ligne est devenue une arme redoutable. Pour y faire face, des initiatives citoyennes portées par des jeunes transforment les réseaux sociaux en espaces de vigilance critique. 

Lutter contre l’infox au cœur de l’insécurité sahélienne 

Le Sahel, confronté à des crises multiformes; conflits armés, tensions ethniques, dérèglement climatique, voit ses vulnérabilités exacerbées par la prolifération des fake news sur les réseaux sociaux. Vidéos truquées, rumeurs infondées, messages de haine, la désinformation alimente les peurs et peut même déclencher des violences. Dans cette bataille silencieuse, plusieurs initiatives de fact-checking émergent et s’imposent comme des remparts citoyens contre la manipulation. 

SoaCheck, AfricaCheck, DeoCheck : des sentinelles de la vérité 

Au Tchad, SoaCheck enquête sur les fausses informations circulant localement. Elle forme les jeunes à la vérification des sources et publie régulièrement des démentis argumentés. L’objectif est double : rétablir la vérité et construire une culture numérique responsable. 

Plus largement, AfricaCheck est active dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Elle vérifie les déclarations des responsables publics, traduit ses contenus en plusieurs langues et collabore avec les médias traditionnels pour maximiser la portée de ses analyses. Sa rigueur méthodologique en fait une référence continentale en matière de vérification des faits. 

Quant à DeoCheck, une plateforme plus récente, elle agit dans les zones rurales du Sahel. En combinant médias communautaires, réunions publiques et réseaux sociaux, elle touche des publics souvent éloignés du numérique. Elle forme aussi des relais locaux capables de repérer et de corriger les fausses nouvelles à l’échelle communautaire. 

Une jeunesse sahélienne en résistance 

« Chaque fois qu’on corrige une fake news, on protège une communauté », affirme un jeune activiste de SoaCheck. Ces plateformes incarnent une nouvelle génération d’acteurs de la paix, utilisant les outils numériques non pour diviser, mais pour construire une société mieux informée, plus résiliente et solidaire. Face aux menaces invisibles que sont les infox, la jeunesse sahélienne démontre qu’elle peut transformer les réseaux sociaux en leviers d’action positive. 

 

Références et bibliographie 

  • Reporters sans frontières. (2023). La désinformation en Afrique : un défi démocratique. 
  • CFI Médias. (2022). Le fact-checking, un outil au service de la démocratie en Afrique francophone. 
  • SoaCheck. (2024). Rapport annuel sur la lutte contre la désinformation au Tchad (document interne). 
  • Tounkara, A. (2021). Médias sociaux et sécurité au Sahel. In Revue Afrique contemporaine, 259(3), 113-129. 

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