Quand l’insécurité prive les jeunes Sahéliens de leur avenir

Dans un contexte sahélien fragilisé par l’instabilité et les tensions communautaires, la désinformation en ligne est devenue une arme redoutable. Pour y faire face, des initiatives citoyennes portées par des jeunes transforment les réseaux sociaux en espaces de vigilance critique. 

Une éducation sous les balles 

Au Sahel, apprendre est devenu un acte de résistance. Dans cette région où l’instabilité s’installe durablement, l’éducation est l’une des premières victimes collatérales. L’insécurité liée aux conflits armés, aux attaques djihadistes et aux déplacements de population provoque la fermeture massive des écoles. Selon l’UNICEF, plus de 10 000 établissements scolaires sont actuellement non fonctionnels dans le Sahel central, affectant plus de 2 millions d’enfants (UNICEF, 2023). Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont particulièrement touchés. Les enseignants fuient les zones à risque, les familles se déplacent, et les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes, sans accès à une éducation stable. 

Des élèves traumatisés, un système à genoux 

Loin de ne concerner que les infrastructures, la crise touche aussi le bien-être psychologique des enfants. Les élèves vivent dans la peur constante, : celle des attaques, des enlèvements, ou de voir leurs écoles incendiées. Human Rights Watch rapporte de nombreux cas d’enseignants menacés ou assassinés par des groupes armés pour avoir simplement continué à enseigner (HRW, 2022). Ces violences provoquent un décrochage scolaire massif, aggravé par la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Certaines familles retirent volontairement leurs enfants de l’école pour les protéger. D’autres les envoient travailler ou les marient précocement, aggravant les inégalités, notamment pour les filles. 

Résister et reconstruire : la réponse citoyenne 

Face à cette crise, des initiatives locales, souvent portées par des ONG ou des jeunes eux-mêmes, émergent. Des « écoles communautaires » voient le jour dans les camps de déplacés. Des programmes de radio éducative permettent de continuer à apprendre à distance. Des enseignants bénévoles s’engagent malgré les menaces. L’UNESCO souligne aussi l’importance de former des éducateurs à l’accompagnement psychosocial et de renforcer la sécurité autour des établissements (UNESCO, 2023). Cette résilience montre qu’en dépit du chaos, l’envie d’apprendre demeure forte. Mais sans soutien logistique, financier et politique, ces efforts resteront marginaux. 

Une école sûre, un avenir possible 

La jeunesse sahélienne ne peut pas être sacrifiée sur l’autel de la guerre. Garantir une éducation de qualité dans un environnement sûr doit devenir une priorité absolue pour les gouvernements, les bailleurs de fonds et les acteurs humanitaires. Cela implique des solutions innovantes mais aussi un engagement politique ferme pour protéger l’école comme espace neutre, à l’abri des conflits. L’avenir du Sahel dépendra de sa capacité à éduquer ses jeunes, même en temps de crise. 

 

Références et bibliographie 

    • UNICEF (2023). Education Under Attack in the Sahel. 
    • Human Rights Watch (2022). Sahel: Armed Groups Attack Teachers, Students. 
    • UNESCO (2023). Rapport mondial de suivi sur l’éducation.

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