Lauréat d'une Bourse d’Excellence du Gouvernement français, le Pr KOSSOUMNA LIBAA a débuté son illustre parcours en 2004 à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, France. Le 28 novembre 2008, il soutient une thèse de Doctorat en Géographie, couronnée par le Prix de la Meilleure Thèse en pastoralisme de l’Afrique subsaharienne de l’Association Française de Zootechnie. La même année, il est qualifié aux fonctions de Maître de Conférences par le Conseil Français des Universités. Choix audacieux, il retourne au Cameroun en janvier 2009, recruté comme Assistant à l’Université de Maroua.
En 2010, il accède au poste de Chargé de Cours et devient en 2013 Chef de Département de Géographie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. En 2014, après avoir soutenu une Habilitation à Diriger des Recherches à Montpellier, il est promu Maître de Conférences au Cameroun. En 2015, il est nommé Directeur Adjoint de l’École Normale Supérieure, cumulant ce rôle avec celui de Chef de Département de Géographie. En mai 2019, il atteint le grade de Professeur titulaire des Universités, un jalon majeur seulement 10 ans après son recrutement. En 2020, il est affecté au poste de Chef de Département de Météorologie et Climatologie à l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua, occupant ces fonctions jusqu’en octobre 2023.
Auteur de 10 ouvrages et plus de 50 articles scientifiques, le Pr KOSSOUMNA est une référence dans le domaine du pastoralisme, des filières agricoles et du développement local. Il est notamment l’auteur de la théorie du cycle de sédentarisation des nomades en zone soudano-sahélienne d’Afrique.
Ma spécialisation s'étend à divers domaines essentiels au développement durable en Afrique. Au cœur de mes recherches se trouve une profonde immersion dans l'étude des territoires ruraux, abordant spécifiquement les dynamiques de mobilités pastorales, la gestion foncière, et l'orchestration des espaces communautaires. Je me consacre à l'analyse des systèmes d'aménagement territorial, en mettant l'accent sur les processus de planification et de gestion, les pratiques d'accès équitable au foncier - avec une attention particulière sur l'émancipation des femmes dans ce domaine - et les stratégies de résolution de conflits.
Par ailleurs, j'explore les défis liés aux risques et aux catastrophes naturelles, en me penchant sur leur évaluation, leur atténuation, et les mécanismes d'adaptation et de résilience communautaire. Les ressources naturelles communes constituent un autre volet de ma recherche, où j'étudie les interactions complexes entre les acteurs ruraux, les pratiques de gestion des sols et la transmission des savoirs géographiques traditionnels.
Le pastoralisme représente le domaine phare de mon expertise, où je suis activement engagé dans l'étude des systèmes de production pastorale, la gestion des conflits agropastoraux, et l'adaptation des communautés pastorales à des modes de vie sédentaires. Ce travail inclut une analyse poussée des stratégies de diversification économique et des mesures de sécurisation des activités pastorales. Mes investigations me mènent principalement à travers l'Afrique centrale, notamment dans les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord du Cameroun, du Sud du Tchad et de l'Ouest de la République centrafricaine.
Ces recherches contribuent directement au développement de l'Afrique en fournissant des insights précieux pour la conception de politiques publiques inclusives, la promotion de pratiques agricoles durables et la mise en place de cadres de gestion des risques efficaces. En définitive, mon travail aspire à éclairer les décisions stratégiques qui façonnent l'avenir du continent, tout en valorisant les connaissances locales et en soutenant les communautés les plus vulnérables face aux défis environnementaux et socio-économiques.
Les chercheurs africains sont confrontés à une série de défis complexes qui entravent l'avancement de la recherche scientifique sur le continent. Premièrement, l'absence d'une culture de recherche robuste, couplée à un environnement peu stimulant pour l'innovation, limite sévèrement l'expression du potentiel des chercheurs. De surcroît, la recherche souffre d'un manque chronique de financement, tant de la part des gouvernements que du secteur privé, restreignant ainsi les opportunités de développement scientifique et technologique.
Un obstacle majeur réside dans l'insuffisance des infrastructures de recherche, telles que les laboratoires bien équipés, ce qui force souvent les chercheurs à travailler dans des conditions loin des standards internationaux. Cette situation est exacerbée par les difficultés d'acquisition et le coût prohibitif du matériel scientifique essentiel, un défi sous-estimé par de nombreux gouvernements africains. Parallèlement, le manque de visibilité et de reconnaissance des revues scientifiques africaines sur la scène internationale limite la diffusion des travaux de recherche africains, affectant ainsi le classement global des institutions de recherche du continent. En outre, la qualité et le coût de l'accès à internet restent des barrières significatives pour l'accès aux ressources éducatives, aux publications scientifiques et aux réseaux de collaboration internationaux.
Pour surmonter ces obstacles, une approche multi-facettes est nécessaire. Il est impératif que les pays africains coordonnent leurs efforts pour soutenir financièrement la recherche, en établissant des fonds compétitifs accessibles et en renforçant les infrastructures de recherche. Les chercheurs eux-mêmes doivent jouer un rôle proactif en plaidant pour une plus grande reconnaissance de l'importance de la recherche, en sensibilisant les décideurs politiques non scientifiques à la valeur et aux retombées potentielles de leurs travaux. Une communication efficace des résultats de recherche et de leur impact possible sur le développement sociétal et économique peut encourager un soutien accru de la part des gouvernements et des investisseurs privés
Par ailleurs, l'amélioration de l'accès à internet à des tarifs abordables est cruciale pour faciliter l'échange de connaissances et la collaboration internationale. Enfin, il est essentiel de valoriser et de promouvoir les publications scientifiques africaines pour améliorer leur visibilité et leur impact au niveau mondial. En adoptant ces stratégies, il est possible de transformer les défis en opportunités, propulsant ainsi la recherche africaine vers de nouveaux horizons d'excellence et d'innovation.
L'initiative du Symposium des Jeunes Chercheurs Africains prévu du 3 au 7 juin 2024 est une avancée remarquable pour le paysage scientifique africain. Cet événement s'inscrit dans une démarche essentielle pour valoriser la recherche, renforcer les réseaux de jeunes chercheurs, et promouvoir le dialogue entre la communauté scientifique et les populations. L'importance de cet événement ne saurait être sous-estimée.
La participation active des jeunes chercheurs africains aux processus décisionnels est cruciale. Elle ne se limite pas à enrichir leur expérience professionnelle ; elle est également fondamentale pour garantir que les recherches menées répondent aux besoins réels des communautés et contribuent de manière significative au développement durable sur le continent.
La mise en réseau, élément central de cet événement, offre des opportunités inestimables pour l'échange de connaissances, l'accès à des formations de pointe, et la mobilisation de financements essentiels. Elle facilite également l'organisation d'événements scientifiques et la publication de travaux de recherche, éléments vitaux pour l'avancement des carrières des chercheurs et pour la visibilité internationale de la recherche africaine.
L'organisation de ce symposium témoigne de la volonté des jeunes chercheurs africains de jouer un rôle proactif dans le développement scientifique et socio-économique de l'Afrique. Cet événement constitue une plateforme idéale pour encourager l'innovation, la collaboration interdisciplinaire, et le partage des meilleures pratiques. Il s'agit d'une étape importante pour consolider la place de l'Afrique dans le domaine de la recherche mondiale et pour assurer que la science africaine participe pleinement à la résolution des défis globaux.