Dans un contexte marqué par la guerre des puissances, la mondialisation, et la croissance démographique, le monde connait une augmentation de la consommation des ressources. Le rapport des Nations Unies sur l’environnement définit les politiques sur la gestion de l’environnement (1971). Pour atteindre le statut de pays en voie de développement, les pays du tiers-monde doivent valoriser et gérer un vaste ensemble de ressources Banque Mondiale (2003). Le Cameroun contient d’important gisement de minerais dont l’Est regorge la grosse part. Il y’a quelque années le pays a envisagé faire de ce secteur un véritable levier du développement et l’intégrer dans le Document Stratégique de Croissance et l’Emploi (DSCE). Afin d’améliorer la gestion de son secteur minier, le Cameroun en plus des normes nationales existantes a adhéré à plusieurs politiques internationales pour une bonne gouvernance. Le Cameroun a un instrument juridique qui indique la conduite à tenir dans l’extraction de l’or. Cependant, son secteur minier est miné par de nombreuses controverses environnementales. Le développement de l’activité est basé sur la recherche des profits par les acteurs en présence au détriment de l’environnement. Depuis la promulgation de son tout premier code minier en 2001 et sa révision en 2010, l’afflux des multinationales et migrants interne s’est accentues occasionnant un boom démographique. 2500 autorisations d’exploitations minières ont été délivrées dans le département du Lom et Djerem et 1277 dans le département de la Kadey traduisant une forte consommation des terres. Pratiquée au quotidien comme source de revenu, l’activité n’est pas sans conséquence sur l’environnement, et sécurité des êtres. D’où l’objectif d’orienter nos réflexions sur les préjudices environnementaux générée par l’activité.
Impact des pratiques de l’activité sur l’environnement
Source : FOPA F. Guylaine, image de terrain, village Kambélé, Est-Cameroun, 2024 : déviation et des points pollution et végétaux.
Un certain nombre de pratiques dans l’exploitation minière telles la déviation et pollution des cours d’eaux et végétaux, le bouleversement des sols, les adjuvants utilisés dans la mine entravent les sols et les cours d’eaux n’étant plus favorables à l’agriculture avec des répercussions sur la santé et sécurité alimentaire. Elles entrainent la destruction de la faune, la flore et déforestation, changements climatiques à l’origine de la perte progressive de la biodiversité.
Source : FOPA F. Guylaine, image de terrain, village Bétaré-Oya, Est-Cameroun, 2024 : abandon des sites après extraction de l’or.
Comme le relevait René Descartes, « l’Homme pense être maitre et possesseur de la nature », à la conquête des ressources naturelles sans se soucier de ses actions sur la nature. À l’heure actuelle, l’on observe le déséquilibre de l’écosystème. La pression économique avec surexploitation du sol et sous-sol dans la région qui présente de nombreux risques. L’exploitation minière pratiquée est à l’origine d’une déforestation importante avec diminution du couvert végétal. Les sols sont bouleversés sans être réhabilités, le paysage défiguré, déviation des cours d’eaux, et le réchauffement climatique provenant vapeurs rejetées par le sous-sol. Alors que le code minier dans son article 55 stipule que : « Les Agents habilités et/ou assermentés, du Ministère en charge des mines et des autres administrations compétentes ou de tout organisme dûment mandaté assurent la surveillance et le contrôle des activités minières dans la limite des prérogatives qui leur sont reconnues, dans les textes réglementaires ». Le code minier exige de faire des consultations avant la phase de démarrage des travaux pour prendre hautement en considération les attentes des communautés. Mais dans la pratiques, les administrations dans leur démarche ne prennent malheureusement pas appuis sur les dispositions légales du Code minier, des conventions minière et politiques publiques auxquelles le gouvernement a pris des engagements. L’on est loin d’une gouvernance partagée qui sollicite la prise en compte de toutes les couches sociales dans les prises de décisions.
La perte progressive des ressources naturelles est mise en exergue par J. TCHONANG (2022) qui estimait Sur le plan environnemental, la dégradation des sols à 33%, la régression du couvert forestier entre 2000 et 2015 de 1336 hectares soit 27.44% ; et entre 2000 et 2020 elle est de 1859 hectares soit 43.66%. Concernant la savane arbustive, sa régression entre 2000 et 2015 est de 376 hectares soit 6% ; entre 2000 et 2020 elle est de 550 hectares soit 13%. L’économie verte prône l’utilisation rationnelle des ressources de la planète, car ces ressources sont périssables et peuvent entrainer la destruction l’écosystème. De même, TCHINDJANG Mesmin et al (2017) Questionnant de l’extension de l’exploitation minière sur le couvert forestier, se demandèrent au du rythme où les permis d’exploitation minières sont délivrés dans la zone forestière du département du Lom et Djerem, si d’ici 50 ans l’on serait encore à mesure de retrouver encore une parcelle de forêt. Les opérateurs miniers ne réalisent pas des souvenirs symboliques, ils laissent comme bénéfice les cours d’eau béant qualifie de « lac de la mort », les eaux empoissonnées au mercure et cyanure, et sols pollués impropres à l’agriculture avec des répercussions sur la santé des populations, et la production agricole.
L’analyse du Code Minier consacre une prédominance du régime des mines sur le foncier. L’État est souverain et les sols et sous-sols demeurent sa propriété. Si les terres de la région regorgent des minerais, l’accès à la terre c’est aussi le droit à l’alimentation. Le foncier est un capital utile à l’homme pour de nombreux besoins. En plus des droits fonciers menacés, les populations des zones d’exploitations minières font face à une crise environnementale. À partir du moment où certains formes d’usage de la terre ont des répercussions sur l’environnement, elle compromet la capacité des paysans à produire. L’exploitation minière de type semi-mécanisée catalyseur d’espace foncière, bouleverse les sols sans être réaménagés, entrainant un déficit en termes de besoin. Pourtant le Code Minier dans son article 101, alinéa (2), il est dit que : « Les anciens sites miniers et de carrières doivent retrouver des conditions stables de sécurité, de productivité agro-sylvo-pastorale et d'aspects visuels proches de leur état d'origine ou propices à tout nouvel aménagement de façon durable, et d'une manière jugée adéquate et acceptable par les Administrations chargées des mines, de l'environnement et de toute autre administration concernée ». Malheureusement, les normes juridiques sont compromises mais ne sont pas mise en application sur le terrain. Par conséquent, les paysans sont contraints de pratiquer l’agriculture extensive avec espoir d’obtenir plus de rendement sur les parcelles des terres qu’elles peuvent en disposer. Ce faible rendement agricole est à l’origine de la famine. Car, avec la multiplication incessante des titres miniers et la destruction de l’environnement, les agriculteurs n’ont plus la possibilité de laisser les terres en jachère pour la fertilisation des champs à cause de la famine. Afin de subvenir à leur besoin, certains sont contraint de s’adonner à l’activité minière, détournant ainsi la main d’œuvre agricole davantage orientée vers les sites miniers. En effet, les terres occupées par la mine sont perdues pour les pratiques agropastorales parce qu’elles ne sont pas restaurées comme l’exige la loi C. AKOMBOH (2024). L’activité minière devient donc progressivement l’activité principale et attire même les femmes qui au départ entaient agricultrices C. AKOMBOH (2024).
La convention des Nations Unies sur l’environnement va du fondement que les ressources naturelles doivent être utilisées de manière à satisfaire celles des générations futures. Les conventions minières adoptés par le Cameroun à l’instar de celle de MINAMATA qui vise à réduire, voire éliminer l’utilisation du mercure dans l’exploitation minière pour l’amélioration de la santé des populations, et rompre avec misère, accéder à une économie juste et plus verte n’est absente ONU & PNUD (2019). Les produits chimiques utilisés dans la mine rendent les sols pauvres en rendement agricole, qui engendre l’insécurité alimentaire avec de nombreuses maladies.
En définitive, les réflexions axées sur la conduite de l’exploitation minière dans la région de l’Est-Cameroun ont mis en évidence l’existence d’un cadre normatif, institutionnel et politiques nationales et internationales règlementant le secteur aurifère au Cameroun. Toutefois, le dispositif juridique n’est pas porteur d’espoir où règne la mal gouvernance. Les répercussions de l’exploitation minière dans la région ont mis en exergue plusieurs incidences sur le plan social, et environnemental. Ceci serait dû au fait que les administrations en charge des ressources naturelles où chevauche les titres miniers ne travaillent pas en collaboration. Ce conflit d’intérêt émane de la malice de certains acteurs qui s’enrichissent au détriment du bien-être des populations. Vue la situation, il est plus qu’urgent d’harmoniser les lois et fixer un décret d’application du Code minier en vigueur.