Dans le passé, l'éducation coloniale pour les jeunes filles africaines était perçue comme une menace pour les traditions, les destinant principalement au mariage. Avec la mondialisation, l'Afrique s'est progressivement ouverte à l'éducation moderne pour les filles, alignée sur l'Objectif de Développement Durable n°4, qui vise l'éducation de qualité pour tous. Cependant, la représentation des femmes chercheuses dans l'enseignement supérieur africain reste faible. Au Cameroun, les femmes sont plus nombreuses en licence mais restent minoritaires parmi le corps professoral. Elles se concentrent dans les disciplines littéraires et sociales et sont moins présentes en sciences dures, reflétant une distribution inégale des genres dans les disciplines académiques.
Les ODD sont en parfaite adéquation avec la stratégie continentale de l’éducation en Afrique (CESE), 2016-2025. Les femmes chercheuses sont très peu représentées dans l’enseignement supérieur sur le continent africain. Pourtant d’après nos observations dans les campus et écoles d’enseignement supérieur africains et particulièrement au Cameroun, ce sont les femmes qui sont plus nombreuses que les hommes en cycle licence. Selon Lilian Lem Atanga (2021), les femmes ne représentaient que 7% des professeurs d’université au Cameroun, elles ne représentaient que 18% du corps professoral et ce pourcentage est inférieur à la marge critique de 30% prévue par le programme de Pékin. Ces femmes sont le plus concentrées dans la littérature, les sciences sociales, en économie, en science médicales et très peu de chercheuses s’orientent vers l’informatique, la physique, les mathématiques. Dans la même veine, les statistiques du Ministère de l’enseignement Supérieur (MINSUP, 2015) du Cameroun révèle qu’à l’Université de Yaoundé 1 où on note le plus grand nombre d’étudiants inscrits en Mathématiques, 84,62% de garçons inscrits contre seulement 15,38% des filles. Pourtant à la faculté des lettres sciences humaines, seuls 34% des garçons contre 66% de filles avec précisément 28% de garçons inscrits dans la filière lettres modernes. Pour ce qui des sciences géographiques, on y retrouve beaucoup plus d’hommes que les femmes.
Les femmes géographes sont confrontées à des défis multiples, notamment la gestion des responsabilités académiques en parallèle des obligations familiales, le manque de mentorat, ainsi que des ressources financières insuffisantes pour la recherche. En outre, elles subissent des discriminations liées au genre, des pressions liées à l'âge de procréer, entre autres obstacles. Pour améliorer leur participation et progression professionnelle, des mesures de soutien telles que l'attribution de bourses de recherche spécifiques, la fourniture de services de garde d'enfants durant les événements professionnels et sur le terrain sont essentielles. La recherche en géographie exige un investissement considérable en temps et en ressources ; par conséquent, un encadrement renforcé est crucial pour permettre aux femmes géographes d'exceller tant dans leur recherche que dans leurs rôles familiaux. Leur succès représente un levier de développement pour leurs communautés, leur apport étant source d'inspiration et d'innovation.
La Géographie est une discipline à la croisée de nombreux domaines subdivisée en deux branches : la Géographie physique qui étudie l’environnement naturel et les processus terrestres (climatologie, géomorphologie dynamique, structurale, la cartographie, la biogéographie, etc) et la Géographie humaine qui se concentre sur les aspects humains de l’espace (géographie agricole, agraire, rurale, urbaine, des transports, halieutiques, économique, sociale, culturelle, politique, de la santé, Urbanisme et aménagement des territoires, géopolitique, environnementale, Géographie de développement durable, etc). Les thématiques les plus sollicitées par les chercheuses géographes sont celles axées sur les dimensions du développement durable (sociale, environnementale, économique). Elles enrichissent davantage la discipline en la rendant plus accessible à tous surtout à l’ère de la géographie transcendante.
Les collaborations interdisciplinaires entre chercheuses, bien que fructueuses pour les publications conjointes, ne se reflètent pas nécessairement dans la formation de réseaux professionnels robustes parmi les géographes féminines. Cette situation pourrait être attribuée à la dynamique complexe du milieu professionnel féminin. Cela souligne la nécessité de créer des espaces dédiés à la mise en réseau pour les femmes dans la recherche géographique, afin de renforcer le partage des connaissances, le mentorat et le soutien mutuel.
Face aux défis environnementaux et socio-économiques actuels, notamment les changements climatiques, la pauvreté et la sécurité alimentaire, l'Afrique doit impérativement inclure les femmes dans l'élaboration de solutions scientifiques. Leur participation est cruciale pour stimuler l'innovation et enrichir la recherche. Les chercheuses doivent maintenir une approche méthodique, publier leurs travaux et surmonter les obstacles psychologiques pour progresser, servir de modèles aux futures générations et contribuer au bien-être de leur communauté.