L'Afrique compte aujourd'hui plus de 500 millions de jeunes de moins de 25 ans, une démographie qui fait du continent le plus jeune du monde (Union Africaine, 2023). Cette jeunesse représente un potentiel extraordinaire pour le développement scientifique, économique et social du continent. Pourtant, le défi de former cette génération aux standards d'excellence internationale tout en l'ancrant dans les réalités africaines demeure immense. Entre infrastructures limitées, défis énergétiques persistants et besoins criants en expériences professionnelles de qualité, les universités et organisations africaines doivent innover pour offrir à leurs étudiants les outils nécessaires à leur épanouissement académique et professionnel.
C'est dans ce contexte que L'Étudiant Africain (EA), organisation panafricaine dédiée à la promotion de l'excellence académique et au renforcement des capacités de recherche, franchit une nouvelle étape stratégique. En partenariat avec l'Association Mohamed Maïga, nous lançons un programme de bourses au Centre d'Études des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI) de Dakar, tout en accueillant simultanément sept stagiaires de l'Institut Panafricain d'Études et de Recherche sur les Médias, l'Information et la Communication (IPERMIC) de l'Université Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso. Ces initiatives illustrent notre engagement résolu à former une nouvelle génération de professionnels africains capables de porter haut les couleurs de la recherche continentale sur la scène internationale. Cet article explore les enjeux de cette double initiative, analyse les défis de la formation professionnelle en Afrique et présente notre vision pour un écosystème académique africain compétitif et innovant.
Le CESTI, rattaché à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, est depuis sa création en 1965 l'une des institutions de référence en Afrique francophone pour la formation aux métiers de l'information et de la communication (CESTI, 2024). Formant des journalistes, communicateurs et chercheurs en médias de toute l'Afrique de l'Ouest, le CESTI incarne l'excellence académique et la pertinence professionnelle.
Notre partenariat avec l'Association Mohamed Maïga, organisation reconnue pour son engagement en faveur du journalisme, l'éducation et du développement des jeunes africains, nous permet de créer un programme de bourses accompagnant neuf étudiants de Licence 3. Ces bourses visent spécifiquement à soutenir les projets de recherche de fin de cycle, moment charnière où les étudiants doivent démontrer leur capacité à mobiliser les connaissances acquises pour produire une réflexion originale et rigoureuse.
La recherche en Licence constitue souvent le premier contact véritable des étudiants avec la démarche scientifique. C'est à ce moment qu'ils apprennent à problématiser, à construire un cadre théorique, à collecter et analyser des données, et à produire une argumentation structurée. Pourtant, cette étape cruciale est fréquemment entravée par des contraintes matérielles et financières : coûts des déplacements pour les enquêtes de terrain, achat de livres et accès aux bases de données scientifiques, frais d'impression et de reliure, sans oublier les besoins en équipements technologiques pour le traitement des données (Mama, 2007).
Les neuf bourses que nous offrons visent précisément à lever ces obstacles. Chaque bénéficiaire recevra un soutien financier lui permettant de mener sereinement son projet de recherche, mais également un accompagnement méthodologique par nos experts. L'objectif n'est pas seulement de faciliter la production d'un mémoire, mais de former de jeunes chercheurs capables de contribuer significativement à la production de savoirs sur l'Afrique et depuis l'Afrique.
Ce programme pilote au CESTI permettra d'évaluer l'impact concret d'un soutien ciblé aux étudiants-chercheurs. Nous espérons démontrer qu'un investissement modeste mais stratégique peut considérablement améliorer la qualité des recherches produites et, surtout, susciter des vocations académiques durables. À terme, nous envisageons d'étendre ce programme à d'autres institutions africaines, créant ainsi un réseau continental de jeunes chercheurs bénéficiant d'un soutien de L'Étudiant Africain.
L'Institut Panafricain d'Études et de Recherche sur les Médias, l'Information et la Communication de l'Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou incarne parfaitement la vision panafricaine de l'enseignement supérieur. Créé pour former des professionnels des médias capables de comprendre et d'analyser les dynamiques communicationnelles africaines dans leur complexité, l'IPERMIC attire des étudiants de toute l'Afrique francophone.
Notre collaboration avec le Pr. Crépin Zanzé, figure respectée de la recherche en communication au Burkina Faso, nous permet d'accueillir sept jeunes talents de cet institut pour des stages professionnalisants au sein de L'Étudiant Africain. Ces stages, d'une durée de trois, six ou neuf mois, offriront aux stagiaires une immersion complète dans les activités d'une organisation panafricaine œuvrant pour la promotion de l'excellence académique.
Les sept stagiaires seront intégrés dans différentes composantes de notre organisation : rédaction et communication, gestion de projets académiques, recherche documentaire et analyse de données, organisation d'événements scientifiques, et développement de partenariats institutionnels. Chacun bénéficiera d'un encadrement personnalisé, avec un tuteur dédié et des objectifs d'apprentissage clairement définis.
Au-delà des compétences techniques, ces stages visent à développer chez les stagiaires une compréhension approfondie des enjeux de l'enseignement supérieur et de la recherche en Afrique. Ils découvriront comment une organisation peut contribuer concrètement à l'amélioration du paysage académique africain, comment se construisent les réseaux de chercheurs, et comment se développent des projets innovants dans un contexte de ressources limitées.
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude au Pr. Crépin Zanzé et à tous les enseignants qui nous font confiance pour former leurs étudiants. Cette confiance est précieuse, car elle repose sur la conviction partagée que l'excellence académique africaine se construit dans la complémentarité entre institutions universitaires et organisations de la société civile. Les enseignants qui recommandent L'Étudiant Africain à leurs étudiants reconnaissent la valeur de l'expérience pratique et de l'exposition à des environnements professionnels exigeants.
Cette collaboration illustre également un modèle de partenariat université-organisation qu'il faut encourager et multiplier à travers le continent. Trop souvent, les universités africaines fonctionnent en vase clos, avec peu de connexions avec le monde professionnel ou associatif. En ouvrant leurs portes à de telles collaborations, les enseignants comme le Pr. Zanzé contribuent à préparer leurs étudiants aux réalités du marché du travail tout en enrichissant leur formation académique d'une dimension pratique indispensable.
L'Afrique fait face à un paradoxe saisissant : alors que le continent abrite la population la plus jeune et potentiellement la plus dynamique du monde, il souffre simultanément d'un déficit énergétique chronique qui entrave son développement académique et scientifique. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE, 2022), plus de 600 millions d'Africains n'ont toujours pas accès à l'électricité, et ceux qui y ont accès subissent régulièrement des coupures qui perturbent le travail intellectuel et la recherche.
Pour un étudiant ou un jeune chercheur africain, ce défi énergétique se traduit concrètement par des difficultés à accéder aux ressources numériques, à utiliser les logiciels de traitement de données, à participer aux conférences en ligne ou simplement à travailler sur ordinateur de manière continue. Former la nouvelle génération de professionnels africains implique donc de développer des stratégies adaptées à ces contraintes : optimisation de l'utilisation des ressources disponibles, maîtrise des outils fonctionnant en mode hors ligne, capacité à travailler de manière intermittente, et créativité dans la résolution des problèmes techniques.
Si l'Afrique veut que sa recherche concurrence celle des autres continents, ses chercheurs doivent maîtriser les codes et le langage de la communauté scientifique internationale. Cela ne signifie nullement renoncer aux spécificités africaines ou aux langues du continent au contraire, comme nous l'avons défendu dans nos travaux sur la décolonisation de l'université (L'Étudiant Africain, 2025). Il s'agit plutôt de développer une capacité de « bilinguisme académique » : être capable de penser et de produire dans les cadres conceptuels africains tout en sachant communiquer efficacement avec la communauté scientifique mondiale.
Cela implique la maîtrise des normes de rédaction scientifique, la connaissance des grands débats théoriques internationaux, la capacité à publier dans des revues à comité de lecture, et la participation active aux conférences et réseaux scientifiques. Notre organisation s'emploie à transmettre ces compétences à travers nos formations, nos cycles de conférences Liboman, et l'accompagnement individualisé que nous offrons aux jeunes chercheurs.
Former des professionnels africains compétitifs exige également de développer chez eux une compréhension fine des enjeux qui traversent le continent. Changement climatique et sécurité alimentaire, transitions démocratiques et gouvernance, intégration régionale et développement économique, nouvelles technologies et transformation digitale : autant de thématiques sur lesquelles la recherche africaine doit produire des analyses originales, ancrées dans les réalités locales mais capables de dialoguer avec les travaux internationaux.
Nos stagiaires et boursiers sont exposés à ces enjeux à travers leur immersion dans nos activités. Ils découvrent comment une organisation panafricaine navigue entre les particularismes nationaux et la vision continentale, comment elle construit des partenariats stratégiques, et comment elle contribue à façonner les débats sur l'avenir de l'enseignement supérieur et de la recherche en Afrique.
Les enseignants et professeurs d'université occupent une position unique dans l'écosystème académique africain. Ils sont à la fois les gardiens de la rigueur scientifique, les transmetteurs de connaissances, et les mentors qui peuvent orienter leurs étudiants vers des opportunités de développement professionnel. Leur confiance et leur collaboration sont essentielles pour toute organisation qui, comme L'Étudiant Africain, aspire à contribuer significativement à l'amélioration de la formation des jeunes africains.
C'est pourquoi nous lançons aujourd'hui un appel aux enseignants de notre réseau panafricain et au-delà : collaborons pour former ensemble la nouvelle génération de professionnels africains. Que vous soyez professeur d'université, maître de conférences, ou assistant d'enseignement, vous connaissez les talents qui peuplent vos amphithéâtres et vos séminaires. Vous identifiez les étudiants prometteurs qui, avec un accompagnement approprié, pourraient exceller dans la recherche ou dans l'action pour le développement du continent.
L'Étudiant Africain propose plusieurs formes de collaboration aux enseignants intéressés :
Stages professionnalisants : Nous pouvons accueillir vos étudiants pour des stages de 3 à 9 mois, leur offrant une expérience pratique dans la gestion de projets académiques, la communication scientifique, l'organisation d'événements, ou la recherche documentaire.
Bourses de recherche : À l'image de notre programme au CESTI, nous sommes ouverts à la création de programmes de bourses ciblées dans d'autres institutions, selon les besoins identifiés et les ressources disponibles.
Formations spécialisées : Nous organisons des formations sur des thématiques variées : méthodologie de recherche, utilisation des outils numériques pour la recherche, rédaction scientifique, intelligence artificielle appliquée à la recherche, ou encore stratégies de publication académique.
Mentorat et accompagnement : Nous pouvons mettre en relation vos étudiants avec des chercheurs confirmés de notre réseau pour un mentorat personnalisé.
Participation aux projets : Vos étudiants peuvent contribuer à nos projets en cours : animation du blog, organisation des conférences Liboman, recherches documentaires pour nos publications, ou participation à nos enquêtes sur l'état de la recherche en Afrique.
Notre appel aux enseignants repose sur une conviction profonde : l'avenir de la recherche africaine se construit dans la collaboration entre tous les acteurs de l'écosystème académique. Les universités ne peuvent à elles seules porter le fardeau de la formation de millions de jeunes africains. Les organisations de la société civile, les think tanks, les réseaux de chercheurs, et les initiatives comme L'Étudiant Africain ont un rôle complémentaire essentiel à jouer.
Ensemble, nous pouvons créer un écosystème où chaque étudiant talentueux, quelle que soit son origine sociale ou géographique, peut accéder aux ressources, aux formations et aux réseaux nécessaires pour réaliser son potentiel. Ensemble, nous pouvons former une génération de chercheurs, d'intellectuels et de professionnels africains qui feront rayonner le continent sur la scène internationale tout en contribuant à son développement endogène.
Les initiatives que nous lançons aujourd'hui le programme de bourses au CESTI de Dakar et l'accueil de stagiaires de l'IPERMIC ne sont que des premières étapes dans une vision ambitieuse : faire de L'Étudiant Africain un acteur incontournable de la formation et de l'accompagnement de la nouvelle génération de professionnels africains.
Dans un contexte marqué par des défis considérables infrastructures limitées, déficit énergétique, ressources financières contraintes nous refusons la fatalité. Nous croyons fermement qu'avec de l'innovation, de la détermination et surtout de la collaboration, l'Afrique peut former des professionnels capables de rivaliser avec les meilleurs au monde. Nos boursiers du CESTI et nos stagiaires de l'IPERMIC sont les premiers bénéficiaires de cette vision, mais ils ne seront certainement pas les derniers.
Nous appelons tous les enseignants, chercheurs et responsables académiques qui partagent cette vision à nous rejoindre. Contactez-nous pour explorer comment nous pouvons collaborer pour offrir à vos étudiants les meilleures opportunités de formation et de développement professionnel. Ensemble, construisons l'excellence académique africaine. Ensemble, formons les leaders intellectuels de demain. L'avenir du continent se joue maintenant, dans les salles de classe, les laboratoires et les stages professionnalisants qui préparent la relève.
L'Étudiant Africain reste à votre disposition et à celle de vos étudiants. Bâtissons ensemble l'Afrique des savoirs.
Agence Internationale de l'Énergie (AIE). (2022). Africa Energy Outlook 2022. Paris : AIE Publications.
Centre d'Études des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI). (2024). Rapport d'activités 2023-2024. Dakar : UCAD.
L'Étudiant Africain. (2024). "La décolonisation de l'université africaine : Réappropriation épistémologique et valorisation des savoirs endogènes". Blog de L'Étudiant Africain. Consulté le 17 octobre 2025.
Mama, A. (2007). "Is It Ethical to Study Africa? Preliminary Thoughts on Scholarship and Freedom". African Studies Review, 50(1), 1-26.
Union Africaine. (2023). African Youth Charter : Implementation Report 2023. Addis-Abeba : Commission de l'Union Africaine.