Blog L'étudiant Africain

Rencontre avec Rupert Aminata Cole

Rédigé par L’Étudiant Africain | May 19, 2024 10:02:19 AM

Titre de la présentation sur le Symposium: Le pouvoir de l’art : (re)construire l’image de l’Afrique. 

 

Pouvez-vous nous parler de votre domaine de recherche et pourquoi avez-vous choisi ce domaine en particulier ?  

Je suis philosophe de formation, spécialisé en philosophie moderne et contemporaine, et mon travail porte sur le thème : « Le pouvoir de l'art : (re)construire l'image de l'Afrique ».  L'art m'intéresse particulièrement car il constitue un réservoir de richesses souvent sous-estimées et, à mon avis, insuffisamment exploré. 

En effet, l'art est fréquemment perçu comme une simple échappatoire ou un divertissement, et on tend à négliger ses fonctions sociales. L'Afrique possède un patrimoine artistique colossal qui pourrait lui permettre de transformer la manière dont elle est perçue par le reste du monde. À travers ce riche héritage, nous envisageons d'utiliser l'art africain pour, d'une part, déconstruire les stéréotypes, et d'autre part, restaurer la dignité du continent noir en révélant son véritable visage. 

Que représente le Symposium des Jeunes Chercheurs pour vous et pourquoi avez-vous décidé de postuler ? Quelles sont vos attentes par rapport à cet événement ?  

Ce symposium des jeunes chercheurs africains représente une opportunité pour échanger entre jeunes chercheurs africains sur les problématiques liées à notre continent. Ce sera, à notre humble avis, un cadre de réflexion enrichissant. Il crée une interconnexion entre jeunes intellectuels africains et un réseau de savoirs endogènes. Tisser des liens, échanges des expériences pour mieux lutter ensemble contre les fléaux qui gangrènent notre continent. 

J’ai postulé à ce symposium car les thématiques et problématiques sont pertinentes et je pense pouvoir apporter ma modeste contribution à la construction d’une image plus juste de l’Afrique. Ce qui m’a également motivé et séduit c’est que ce symposium est organisé par et pour les africains. 

J’espère que ce symposium va poser les jalons d’une réflexion plus durable sur les questions et problématiques africaines et de ces échanges vont jaillir des solutions pragmatiques. J’espère aussi qu’il permettra de mettre en valeur les savoirs endogènes. 

 

Quels défis rencontrez-vous en tant que Jeune Chercheur en Afrique, aussi bien dans votre domaine spécifique que de manière générale ?  

En tant que Jeune Chercheur en Afrique, nous rencontrons beaucoup de défis. Parmi ces défis nous avons le manque de visibilité et d’accessibilité des savoirs endogènes. Nos savoirs locaux non pas le même statut et la même reconnaissance sur le plan international. Dans mon domaine de recherche, les sources écrites font souvent défauts. En effet, la documentation est rare et dès fois non disponible dans notre continent. Pour ce qui est des sources orales, il y a un problème de reconnaissance académique qui se pose. 

Pour ce qui est du résultat des travaux de recherches, nous devons relever les défis de rendre accessible et disponible ce savoir pour la postérité.  En effet, ce savoir doit être une contribution qui s’inscrit dans la perspective décoloniale c’est-à-dire décoloniser les savoirs du Nord et reconstruire une nouvelle image de l’Afrique. A travers ces recherches nous devons amener les africains à repenser l’Afrique à partir de l’Afrique. 

 

En quoi pensez-vous que le Symposium des Jeunes Chercheurs Africains peut contribuer à résoudre certains de ces défis ? Quelles solutions ou opportunités pensez-vous qu'il pourrait offrir aux Jeunes Chercheurs comme vous ?  

 

Je pense que ce Symposium offre aux jeunes chercheurs africains l’opportunité de réfléchir sur les questions et problématiques liées à notre continent. C’est une manière d’encourager la réflexion et la production des savoirs endogènes. Il peut créer un réseau de savoirs, un espace d’échange et booster le savoir local. Grâce à ce symposium nous pouvons faire la promotion du savoir-faire africain. A travers les différentes interventions et échanges, des solutions ou des pistes de solutions peuvent émerger. Il peut permettre à la jeune génération de prendre conscience que les problèmes de notre continent relèvent de notre responsabilité. Je reste convaincu qu’il va poser les bases d’un espace de réflexion entre jeunes chercheurs africains.  Avec le système de Mentorat, ce symposium permet aux jeunes chercheurs sélectionnés de bénéficier de l’expertise des Mentors.  

Ce symposium va offrir de la visibilité aux jeunes chercheurs africains en rendant leurs productions accessibles. Il permet de déconstruire ce vieux préjugé selon lequel les africains ne produisent pas de savoirs. En effet, ce continent noir regorge de créativités et de potentialités intellectuelles inexploitées. Grâce à ce symposium organisé par et pour les jeunes chercheurs africains, nous pourrions redonner à notre cher continent tout le mérite qu’il a. 

 

Quelles sont vos perspectives pour l'avenir dans votre domaine de recherche et en tant que jeune chercheur en Afrique ?  

A travers mes recherches sur le domaine de l’art, plus exactement « Le pouvoir de l’art : (re)construire l’image de l’Afrique », je voudrais faire connaitre aux africains et au reste du monde toutes les possibilités qui s’offre à nous en termes de réflexions et savoirs. Nos solutions sont souvent en nous, et qu’il faut juste oser la réflexion. J’espère que ces travaux sont juste le début d’une longue et enrichissante carrière dans ce domaine et qu’ils contribueront à revaloriser l’Afrique.  J’espère que mes travaux et ceux des autres, à travers leurs diversités, pourrons constituer un nouveau socle de réflexion.  

 

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre présentation pendant le Symposium et expliquer pourquoi les participants devraient venir vous écouter ? Qu'est-ce que vous espérez transmettre ou partager avec eux ?  

Ma présentation sur « Le pouvoir de l’art : (re)construire l’image de l’Afrique », sera orientée autour de deux axes majeurs : d’une part nous allons procéder à une déconstruction des stéréotypes liés aux préjugés racistes et d’autre part montrer comment grâce à l’art, plus exactement l’art africain, nous pouvons reconstruire l’image de l’Afrique. Ce sera l’opportunité pour nous de faire connaitre le savoir-faire artistique africain en revisitant à la fois les productions africaines anciennes et nouvelles dans le domaine de l’art (des œuvres arts et des savoirs sur l’art). Nous montrerons également que l’art ne doit pas être restreint à des fonctions esthétiques ou ludiques. L’art africain est lié à l’homme africain pour reprendre l’idée de Aimé Césaire car on ne peut pas parler de l’art africain sans l’homme africain. Cette recherche sera, pour nous, une invite à emprunter ce tournant décolonial en renouant avec notre patrimoine artistique, culturel.